Adolfo Kaminsky fut un faussaire honnête et je crois un honnête faussaire. Avec un faux air de génie et un vrai air de vie.
Pour les amateurs de radio et de podcasts, voici les émissions lui étant consacrées:
Aucun ne s'imaginait que le faussaire n'était qu'un enfant (none of them could have suspected the forger was just a kid). |
J'ai appris son existence grâce à P., qui m'offrit sa biographie dédicacée personnalisée. Le livre, intitulé "Adolfo Kaminsky, une vie de faussaire", a paru en 2009, écrit par Sarah Kaminsky, sa fille. Une version anglaise de 2016 porte le titre de "Adolfo Kaminsky: A Forger’s Life". J'aime le mot "forger" en anglais pour "faussaire". Comme l'idée de frapper une réalité brûlante au rouge sur le coin de l'enclume, pour lui donner une autre forme. Des formes, Adolfo en occupa : chimiste praticien, teinturier, photographe de l'art cinétique et de décors de cinéma, et grand résistant, offrant des faux papiers à des centaines de victimes du nazisme, et engagé dans quantités de combats de libération, qui l'ont déçu à chaque fois. Sans l'empêcher de s'engager à nouveau à chaque fois.
Jeudi 22 mai se tenait du MahJ, musée d'art et d'histoire du judaïsme à Paris, le vernissage d'une exposition de photographies d'Adolfo Kaminsky. Exposition que j'ai partagée avec Yvette, dont le père a disparu dans un camp d'extermination, et qui éprouve que tous les horribles souvenirs qu'elle avait mis (dit-elle) "à la cave", resurgissent. Un film d'animation complète l'histoire. Un couple de photos très touchant : des amoureux sur un banc, à côté le banc, vide.
Le vernissage s'est conclu par un entretien, où Adolfo Kaminsky raconte avec simplicité et modestie (malgré le sur-jeu de l'animateur) ses exploits, sous le regard pétillant de celui qu'il était plus jeune.
Parmi les anecdotes, il s'engagea dans la fabrication de faux billets, non pour les utiliser, mais comme "outil de pression", vis-à-vis du pouvoir. A la signature des accords d'Evian, cette monnaie d'échange devenait caduque. Il brûla donc tous les faux billets, sans même imaginer les utiliser. Quand Sarah, sa fille, apprit l'histoire, et sachant qu'il avait toujours vécu fauché, lui demanda : "ce n'était pas trop dur de brûler tout cet argent ?", il répondit que oui en effet, les billets brûlent très mal, à cause des encres...
Pour les amateurs de radio et de podcasts, voici les émissions lui étant consacrées:
- France Culture, 5 novembre 2009, A plus d'un titre : Littérature : Sarah Kaminsky / Essais : Jean-François Gossiaux
- France Inter, 16 et 17 mars 2010, Là-bas si j'y suis : Adolfo Kaminsky, une vie de faussaire I, Adolfo Kaminsky, une vie de faussaire II
- France Inter, 11 juin 2013, Là-bas si j'y suis : Adolfo Kaminsky, une vie de faussaire
- France Culture, 30 novembre 2012, Le rendez-vous : 2 plateaux pour des invités liés par une certaine idée de la résistance
- France Culutre, 7 avril 2016, Les pieds sur terre : Le faussaire et sa fille
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